Une grossière confusion existe malheureusement entre la notion de destin et celle de fatalisme qui est en fait étrangère à l’islam et dont on accuse injustement celui-ci. Le terme fatalisme est un terme latin, formé sur la racine « fatum », qui désigne en latin le « destin ». D’après l’encyclopédie française, le « fataliste » est celui qui croit à une nécessité fatale, c’est-à-dire exclusive de toute liberté et s’imposant irrémédiablement à l’homme. Alors que, bien avant l’islam, le fatalisme fut, par excellence, la doctrine stoïcienne : « Toutes choses ont lieu selon le destin ; ainsi parlent Chrysippe au traité du destin, Posidonius au deuxième livre du destin, Zénon et Boéthus au premier livre Du destin »
Ensuite, cette même doctrine s’est vue confirmée par la parole de Jésus Christ qui affirme : « Pas un passereau ne tombe à terre sans la volonté de mon père » Mt 10. 29
Les musulmans qui ont introduit le fatalisme dans l’Islam étaient sans doute influencés par ces doctrines et les philosophies Hindoues et persanes sur le fatalisme et le renoncement.
Les fatalistes disent si notre sort est fixé indépendamment de nos efforts et de notre activité, à quoi bon se donner de la peine. A l’instar de Cicéron qui a jugé inutile qu’un malade appelle un médecin pour le soigner étant donné que sa guérison ou sa non-guérison est déjà fixée par le destin. (Cicéron, Traité du destin, XIII)
Les Omayyades tuaient les musulmans et attribuaient leurs actes au commandement de Dieu. Leurs crimes trouvaient à l’époque des justifications dans les fatwas de savants ach’arites.
La doctrine fataliste a même servi d’alibi aux confréries soufis pour s’opposer à toute résistance au colonialisme qui était considéré comme un destin et qu’il serait inutile, voire un sacrilège de le combattre, car ce serait combattre la volonté de Dieu.
Ainsi, le fatalisme sert d’alibi à de nombreux méfaits, tels les actes immoraux qu’on attribue à la volonté de Dieu. L’homme, disent-ils, n’a aucun pouvoir propre, il est contraint par le destin et la volonté de Dieu et cette contrainte lui ôte toute responsabilité. « Si le destin est cause de mes actes, comment pourrais-je en être tenu pour responsable », prétend le fataliste. Ce n’est pas moi qui agis, dit-il, c’est Dieu. « Le coupable, ce n’est pas moi, mais Zeus et le destin, qui m’ont déterminé à agir ainsi »
Le Coran rapporte les propos des polythéistes qui se servent du même prétexte pour justifier leur idolâtrie et leurs péchés :
« Ceux qui ont associé diront : « Si Allah avait voulu, nous ne lui aurions pas donné des associés, nos ancêtres non plus et nous n’aurions rien déclaré interdit. » s6 v148
Un autre verset affirme :
« Et ils disent : « Si le Miséricordieux avait voulu, nous ne les aurions pas adorés ». Ils n’en ont aucune connaissance ; ils ne font que se livrer à des conjectures » s43 v20
D’autres encore tentent d’attribuer à Dieu la responsabilité de leurs turpitudes :
« Et Quand ceux-ci commettent une turpitude, ils disent : « C’est une coutume léguée par nos ancêtres et Dieu nous l’a ordonné. » Dis : « Allah ne commande point la turpitude. Dites-vous contre Allah ce que vous ne savez pas ? » s7 v 28
L’Islam est pourtant à l’opposé du fatalisme. A propos des soins, par exemple, le Prophète (PSL) a toujours recommandé aux musulmans de se soigner avec des médicaments.
Un homme dit à ce dernier : « J’ai vu les gens de Perse épouser leurs filles et leurs sœurs, quand on leur dit pourquoi faites-vous cela ? Ils disent : C’est le Décret et le Destin de Dieu, le prophète (PSL) lui répondit : « Il y aura dans ma communauté ceux qui diront la même parole, et ce sont les mages (majous) de cette communauté »
On a présenté un ivrogne au Calife Omar ibn al-Khattab qui ordonna de lui appliquer la peine : l’ivrogne dit : Par Allah, O Emir des croyants, c’est Dieu qui m’a prescrit cela ; le Calife dit : « appliquez-lui deux fois la peine, une fois pour avoir bu du vin, et une fois pour avoir forgé un mensonge contre Dieu »
Un homme demanda l’avis du Prophète s’il devait attacher sa chamelle ou s’en remettre à Dieu, le Prophète lui dit : « Attache-la et confie-toi à Dieu » Hadith rapporté par Tirmidhi